Thesis
Evaluation multicritère et multi-acteurs des projets miniers dans l’optique du développement durable
I. IDENTITY
II. DESCRIPTION
III. FILTERS
L’activité minière, dont les entreprises et les produits sont pourtant peu visibles médiatiquement, est un secteur particulièrement concerné par la question de responsabilité sociale d’entreprise. L’activité est en effet associée à des enjeux et des risques conséquents, tant sur les plans économiques, sociaux, environnementaux et politiques, de l’échelle locale à l’échelle nationale (voire internationale) et ce avant, pendant et après l’activité extractive. Ces impacts ont des conséquences pour un grand nombre d’acteurs, que cela soit les communautés locales (impacts directs), les gouvernements (manne économique à gérer, encadrement réglementaire de l’activité), les financeurs et les assureurs (coûts des accidents, des conflits sociaux), etc. Ces acteurs attendent désormais des entreprises minières qu’elles adoptent un comportement plus responsable dans la conduite de leur activité (campagnes médiatiques menées par les ONGs, nouvelles exigences des bailleurs de fonds, inclusions d’obligations environnementales dans les codes miniers, oppositions croissantes des populations locales à des projets miniers, etc.).
Cette nouvelle donne oblige les entreprises à rentrer dans un processus de négociation et de dialogue avec les personnes concernées (appelées parties prenantes) pour rendre l’activité plus légitime et acceptable.
EVALUATION DES MINES D’ARLIT
En partenariat avec AREVA NC, une application de cette démarche a été réalisée sur les mines d’Arlit. Ces dernières, situées au Nord du Niger dans la zone désertique de l’Aïr, sont un exemple tout à fait représentatif des enjeux auxquels sont confrontées les compagnies minières. Leur appartenance au groupe Areva qui les expose à une opinion publique internationale, les revendications accrues des parties prenantes locales et leur attente de nouveaux permis d’exploration les obligent désormais à démontrer leurs performances sociales si elles souhaitent poursuivre leurs activités.
Malgré leurs efforts affichés, elles se trouvent pourtant confrontées à des difficultés pour définir leur stratégie locale de RSE : lourdeur des infrastructures (deux villes minières à gérer), enclavement des sites, pauvreté de la population, manque de moyens de l’Etat et conditions climatiques et géographiques difficiles. La méthode d’évaluation proposée se trouvait de ce fait justifiée.
L’application de la méthode d’évaluation sur les mines d’Arlit a mobilisé 70 personnes sur place, autant à Niamey avec les ministères et les sièges des compagnies minières, que sur le lieu des exploitations minières, à Arlit. Deux missions d’environ deux semaines chacune ont été réalisées.
L’application de la méthode d’évaluation sur les sites miniers d’Arlit a permis de démontrer sa pertinence pour :
- comprendre et structurer les enjeux associés à la performance sociale des entreprises en réconciliant (1) les attentes des parties prenantes sur le terrain avec (2) des requetes plus globales (obligations réglementaires et référentiels sectoriels notamment)
- sélectionner un jeu d’indicateurs pertinents rendant compte des enjeux clés pour l’activité
- pour dépasser une seule logique d’affrontement (schématiquement « l’activité minière n’est que bénéfique » vs. « l’activité minière n’a que des effets négatifs ») et faire entrer les parties prenantes dans une dynamique de dialogue et de collaboration afin de définir ensemble les conditions dans lesquelles l’activité industrielle pourra être jugée comme performante.
DEMARCHE
Dans ce contexte, le travail de recherche, réalisé dans le cadre d’une thèse, visait à tester une démarche d’évaluation prenant en compte :
- les différentes parties prenantes d’un site minier,
- la diversité des enjeux associés à l’activité (sociaux, environnementaux, économiques et politiques)
- et leur articulation spatiale (de l’échelle locale à l’échelle nationale)
L’objectif était ainsi de définir « l’espace de dialogue » entre l’entreprise minière et ses parties prenantes.
Pour répondre à cet objectif, un processus d’évaluation en 5 étapes a été mis en œuvre reposant, d’une part, sur des éléments issus de travaux scientifiques et de référentiels sectoriels (top-down) et, d’autre part, sur l’implication des parties prenantes à travers l’organisation de réunions de travail (bottom-up).
PROBLEMATIQUES ASSOCIEES
- Quel est le champ de responsabilités des entreprises ?
- Dans quelles mesures une activité industrielle sera-t-elle considérée comme performante et/ou acceptable par les parties prenantes ?
- Qui sont les parties prenantes d’une entreprise ?
- Quelles sont les attentes des parties prenantes ?
- Comment concilier des attentes opposées entre partie prenantes ?
- Comment définir des indicateurs pertinents ?
Pour en savoir plus :
Chamaret, A. (2007). Une démarche top-down / bottom-up pour l'évaluation en termes multicritères et multi-acteurs des projets miniers dans l'optique du développement durable. Application sur les mines d'Uranium d'Arlit (Niger)
Thèse de doctorat. Guyancourt, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines: 366p.
Chamaret, A., M. O'Connor & G. Récoché (2007). "Top-down/bottom-up approach for developing sustainable development indicators for mining: application to the Arlit uranium mines (Niger) " The International Journal of Sustainable Development 10(1/2): pp161-174.
Ce projet a été réalisé entre 2003 et 2007, dans le cadre d’une thèse financée par le BRGM. Il a également reçu le soutien logistique d’AREVA NC. La thèse a été co-encadrée par Martin O’CONNOR (UVSQ) et Gilles RECOCHE (BRGM).