Au cours des dix dernières années, on a vu émerger sur le continent africain, un vaste éventail de procédures de participation des parties-prenantes autour des enjeux de gestion communautaire des ressources forestières mettant l'accent sur la recherche d'un mode d'action reconnaissant la diversité des intérêts( économiques, écologiques, socio-culturels ou politiques) des positions éthiques et des considérations scientifiques. L'objectif au sens large est de rechercher un consensus, pour éviter qu'une décision unilatérale s'impose, que les parties concernées soient d'accord ou non. Dans ce contexte d’oposition entre l’économique et l’écologique, une telle démarche ne peut que se révéler complexe. Si vous n’avez pas les moyens de vous préparer un repas en fin de journée, d’envoyer votre enfant malade à l’hôpital, ou de vous livrer à des occupations que la plupart des gens considèrent comme normales, vous auriez du mal à vous demander dans un souci écologique et alors même que vous avez besoin de bois, de ne plus abattre d’arbres dans les forêts; vous vous direz : « qu’importent les forêts pourvus que j’aie du bois ». Et pourtant la protection de l’environnement doit être une affaire de tous. A ce titre, M. O’CONNOR (2006c) soutient qu’une évaluation liée au développement durable doit nécessairement rendre compte des conflits et des processus de négociation qu’elle implique. D’où la nécessité de concevoir des outils technologiques innovants capables de structurer les enjeux d'acteurs et orienter les dialogues dans une perspective délibérative.

La matrice «KerDST» de délibération en est un. Son principe est basé sur une démarche délibérative d'évaluation multi-acteurs et multicritère confrontant des individus avec de nouveaux faits ou de nouvelles perspectives pour un problème donné, invalidant ou corroborant des croyances et des perspectives existantes, attirant l'attention sur de nouveaux arguments, clarifiant des controverses pour amener les individus à révéler leurs préférences et à partager leurs connaissances, créant une situation d'interactions dans laquelle ils peuvent parler et s'écouter.

L’objectif de cette thèse est d’analyser les potentialités de cet outil numérique multimédia après l’avoir expériementé en Côte d’ivoire afin de rechercher les perspectives pour son adaptation à la gestion forestière dans des contextes spécifiquement subsahariens.

Ainsi, deux applications sont prévues. La prémière expérience va consister, à la demande d’une communauté ruale, à classer une reserve forestière - le massif forestier des Marais Tanoé - en Parc Naturel Volontaire. En second lieu, nous analyserons en quoi la matrice « KerDST » peut contribuer à ameliorer les processsus d’évaluation en Côte d’ivoire en l’appliquant à l’évaluation de la contribution d’un projet forestier au développement local ?

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